Des origines françaises du tennis
29/05/2020

Si presque tous les sports modernes sont nés, tout du moins sous la forme que nous connaissons aujourd'hui avec leurs règles de base, à l'époque de l'Angleterre victorienne, c'est-à-dire à l'apogée de la révolution industrielle britannique dans la deuxième partie du dix-neuvième siècle, leur origine est souvent plus lointaine, comme la Soule ou le Calcio florentin pour le football et le rugby. C'est aussi le cas pour le tennis, adapté du Jeu de paume importé par le Duc d'Orléans dans le comté de Norfolk durant la Guerre de Cent Ans.

La célèbre bataille d'Azincourt oppose le 25 octobre 1415 les armées française et anglaise dans le Nord de France. Suite à la victoire des troupes du roi Henri V, les Anglais envahissent le pays et le duc Charles d'Orléans est fait prisonnier en Angleterre. Lui-même dérivé d'antiques jeux de balle, le jeu de paume connaît alors un engouement tel en France, particulèrement auprès de la noblesse orléannaise, que les autorités sont forcées de réguler sa pratique. Le Duc d'Orléans en est féru et, durant sa longue captivité qui durera 25 ans à Wingfield à quelques kilomètres de Norwich dans le sud-ouest de l'île, il s'y adonne presque tous les jours. C'est ainsi que durant son épreuve, entre deux rédactions de poèmes il introduit cette activité physique et ludique au pays de la perfide Albion, selon la légende communément admise. Un peu plus de 450 ans plus tard, la greffe a pris, et si dans plusieurs propriétés on joue à différentes variantes sur gazon c'est un Gallois, le major Walter Clopton Wingfield - du nom de la ville de la captivité - qui fait breveter à Londres le 23 février 1874 un nouveau sport qui deviendra le tennis, sous le nom de « Sphairistiké » (qui signifie « art de la balle » en grec). Dans la foulée, le mythique tournoi de Wimbledon voit le jour à l'été de 1877 et le nom de « Lawn-Tennis » (qui veut dire « tennis sur herbe ») est définitivement adopté. Étymologiquement, le mot tennis, vient aussi du français. À l'époque du Duc D'Orléans, l'usage était de dire « tenez » au moment d'engager, comme cela se pratique encore aujourd'hui dans la pelote basque – autre descendant direct du jeu de paume – avec le « yo » pour « jeu » qui annonce le service. Acclimatée sous différentes formes telles que « tenetz », « teneys », « tenys », « tenise » ou « tennes », l'expression devient finalement « tennis ».

roland garrosUne des première éditions des Internationaux de France dans les années 1920. Un époqe dominée par les « Mousquetaires » René Lacoste, Jean Borotra, Henri Cochet et Jacques Brugnon.

Sous cette forme « british », le jeu de balle ne tarde pas à revenir sur le territoire français, et en 1891 est organisé le « championat de France international de tennis » à Paris, qui se joue sur gazon pour sa première édition, avant le lancement des Internationaux de France en 1925, qui deviendront Roland Garros, le tournoi majeur sur terre battue.