Après Knockout Reilly et Day of the Fight le premier court métrage de Stanley Kubrick sorti en 1951, intéressons-nous à un autre film de boxe qui a marqué les esprits de l'après-guerre aux États-Unis. Nous avons gagné ce soir - « The Set-Up » en version originale - est un long métrage de Robert Wise avec Robert Ryan et Audrey Totter, annoncé à l'époque comme le film de boxe le plus dramatique jamais vu et diffusé en salles l'année de la disparition tragique de Marcel Cerdan.

Robert Ryan, lui-même boxeur et dont le rôle certainement le plus célèbre sera celui de brigadier général de la 82° Airborne dans Le Jour le plus long quelques années plus tard, interprète Bill « Stoker » Thompson, un boxeur raté de 35 ans invité à participer à la Paradise City Arena - une salle fictive - à un match truqué à son insu, contre l'avis de sa femme Julie qui craint que ce soit son dernier.

« 80 minutes sauvages »

Persuadé qu'il va encore essuyer une défaite, « Tiny » son manager accepte une somme d'argent de la part d'un membre de la pègre pour qu'il se couche sur le ring, sans en informer son boxeur, qui dans sa chambre d'hôtel, tente de convaincre sa compagne et se motive pour faire de ce combat celui de la dernière chance.

Dans un combat déséquilibré face au jeune et truqueur « Tiger Nelson », alors qu'il est très en difficulté au 4e round, Stoker apprend l'arrangement qui a été passé avec le gangster, ce qui le galvanise. Porté par la foule, il refuse de se laisser vaincre, retourne la situation et finit par remporter la victoire. Un scénario qui provoque la colère de la mafia qui se venge en tendant un piège au boxeur à la sortie de la salle pour le passer à tabac. En sang, le héros du jour retrouve Julie dans une ruelle, dont les mots de fin sont « Nous avons tous les deux gagné ce soir ».

Considéré quasi unanimement comme une petite du cinéma noir et blanc par les cinéphiles et spécialistes du sous-genre - ou du genre à part entière - qu'est le fim de boxe, Nous avons gagné ce soir est signé en 1949 par le réalisateur Robert Wise, qui pèsera 15 oscars à la fin de sa carrière, dont 10 pour West Side Story, un magicien du montage et de la lumière, entre autres. Malgré son âge, le film plonge littéralement le spectateur dans l'action et le percute d'émotions par une narration léchée et énergique. Un drame esthétique sur la réalité du sport spectacle.